Pollution lumineuse
En Guadeloupe, la pollution lumineuse sur les plages représente une menace importante pour les tortues marines, étant à l’origine de désorientations de plusieurs femelles en activité de ponte par an et de plusieurs centaines de nouveau-nés, dont la majorité meure d’épuisement.
La pollution lumineuse désigne toute dégradation de l’environnement nocturne. En 2009 la pollution lumineuse est législativement définie et reconnue comme une nuisance environnementale et sociétale par le Grenelle 1 de l’environnement.
« Les émissions de lumière artificielle de nature à présenter des dangers ou à causer un trouble excessif aux personnes, à la faune, à la flore ou aux écosystèmes, entraînant un gaspillage énergétique ou empêchant l’observation du ciel nocturne feront l’objet de mesures de prévention, de suppression ou de limitation ».
LOI n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement.
L’hyper éclairage résulte de la recherche de sécurité, de prestige, d’esthétisme et/ou d’économie de moyens. Il a pourtant été démontré que l’éclairage ne garantit ni la sécurité des personnes ni la sécurité routière. Les systèmes d’éclairage sont généralement surdimensionnés et inadaptés aux besoins réels. Cette utilisation abusive et non maîtrisée de la lumière artificielle entraîne une surconsommation électrique et des nuisances pour la santé humaine et la biodiversité.
Pour regagner la mer, les tortues marines utilisent principalement leur vue en se dirigeant vers l’horizon le plus lumineux. En l’absence d’éclairage anthropique, la blancheur de l’écume des vagues associée à la réverbération de la lune ou du ciel sur la mer, fait que la mer est l’horizon le plus lumineux. La présence d’éclairage artificiel sur et à proximité des plages constitue des pollutions lumineuses aux conséquences néfastes pour les tortues marines : celles-ci désertent les plages éclairées pour leur ponte (les tortues choisissent préférentiellement un site non-éclairé), les lumières induisent des désorientations de femelles en ponte ou de nouveau-nés à la sortie du nid. Attirées par les lumières, les tortues se dirigent vers la terre où elles sont alors exposées à de graves risques comme la déshydratation, la prédation ou la collision par des véhicules, pouvant conduire à la mort des animaux.
Etude
Fort de ce constat, le Réseau Tortues Marines a mené en 2014 un diagnostic de la pollution lumineuse sur l’ensemble des sites de pontes de l’archipel Guadeloupéen.
Cette étude a permis de repérer les plages les plus préservées et les plus problématiques ainsi que de proposer des solutions d’aménagements possibles pour limiter l’impact de l’éclairage sur l’activité des tortues marines.
Les résultats montrent que 55 plages accueillant des pontes de tortues marines présentent des éclairages pouvant être considéreś comme des sources de pollution lumineuse et avoir un impact sur l’activité des tortues marines.
Documents à télécharger
Pour chaque plage deux cartes sont créés.
La première représente l’éclairement reçu au niveau du sol en Lux à chaque point de la plage. Plus les plages de couleurs tendent vers le rouge, plus l’éclairement est fort.
La seconde carte géolocalise les différentes sources de lumière et les caractérise :
- Plus le diamètre du cercle est important plus l’intensité de la lampe est forte;
- Plus la couleur du cercle tend vers le bleu, plus la température de couleur est forte;
- Plus la couleur du cercle tend vers le rouge, plus la température de couleur est faible;
- Les segments partent de la source lumineuse et vont jusqu’à chaque point de la plage où cette source est visible. Finalement, les segments représentent les faisceaux lumineux de chaque lampe.
Les résultats de cette étude hiérarchisent en termes d’indice de pollution lumineuse les sites de pontes les plus impactés par cette menace. Un travail de concertation avec les propriétaires et gestionnaires est réalisé pour limiter la pollution lumineuse sur les sites prioritaires.
La coordination du RTMG apporte également son expertise technique auprès des particuliers, collectivités, aménageurs de zones situées en arrière plage, bureaux d’études et autres architectes afin de préserver les sites de ponte des tortues marines.
Quelques préconisations élémentaires
1. Supprimez les lampes inutiles
La première étape consiste à supprimer les éclairages qui n’ont aucune utilité. En effet, certains sites ou équipements restent éclairés tout au long de la nuit alors qu’ils ne sont ni utilisés, ni fréquentés.
2. Orientez l’éclairage
Dans la plupart des cas les lampadaires illuminent une surface plus étendue que nécessaire. Il est essentiel de n’éclairer que les zones qui en ont besoin, pour cela vous pouvez déplacer ou réorienter la source lumineuse, préférer des vasques plus directionnels et/ou ajouter des caches qui canaliseront le faisceau lumineux. Enfin, placez les lumières le plus au ras du sol possible de manière à ce qu’elles ne soient pas visibles depuis la plage.
3. Masquez les zones éclairées
Masquez les sources lumineuses afin que celles-ci ne soient pas visibles depuis la plage et n’attirent pas les tortues. Vous pouvez élever une barrière naturelle à l’aide de la végétation ou du relief.
Il est important de masquer les sources lumineuses mais aussi les zones éclairées par celles-ci. En effet, les tortues peuvent être attirées par une simple surface au sol éclairée, même si l’ampoule du lampadaire n’est pas visible.
4. Utilisez des lampes moins nuisibles
Utilisez des ampoules à grande longueur d’onde ou faible température de couleur. Plus la lumière va tendre vers le rouge, moins les tortues seront dérangées.
5. Régulez l’éclairage selon les besoins
Enfin, il est possible d’installer des minuteurs ou des détecteurs de mouvement afin de réduire les durées d’éclairage. Ici les espaces sont éclairés qu’en cas d’activités, cela permet également des économies énergétiques.