Préservation des sites de pontes
Préservation des habitats terrestres
Historiquement, toutes les plages de l’archipel guadeloupéen étaient considérées comme des sites de ponte des tortues marines.
La reproduction dépend en premier lieu de la disponibilité d’un habitat terrestre. Les phases terrestres de la vie de ce reptile marin jouent un rôle essentiel dans la dynamique des populations, puisque le sex-ratio (proportions d’individus mâles et femelles) et le nombre des futurs adultes reproducteurs en dépendent.
L’aménagement du littoral et les pressions croissantes s’exerçant sur cette inter- face terre-mer en font un espace vulnérable nécessitant d’être préservé.
Si les habitats terrestres disparaissaient, c’est tout le cycle de développement des tortues marines qui serait compromis.
Hiérarchisation des sites de pontes des tortues marines et mesures de protection envisageables.
La Guadeloupe compte actuellement 151 plages comme site de pontes des tortues marines.
Qu’est-ce qu’un site de ponte ?
« est considéré comme site de nidification pour les tortues marines toute surface où au moins une femelle d’une espèce quelconque de tortue marine a pondu dans des temps historiques. »
(Girondot et Fretey, 1996)
Les sites de ponte de l’archipel de la Guadeloupe souffrent de différentes menaces, entre autres : altération de la végétation, aménagements nombreux, éclairages massifs, circulation de véhicules… Et ce, malgré l’arrêté ministériel du 14 octobre 2005 qui y interdit, toute « destruction, altération ou dégradation » de l’habitat des tortue marines. La nécessité d’un renforcement de la protection effective de ces milieux remarquables est impérative.
Pour ce faire, un travail de hiérarchisation des sites de pontes de tortues marines à été mené en 2013 afin de définir les sites prioritaires à protéger en Guadeloupe. Cette étude s’appuie sur des données concrètes quantifiables (fréquentation effective par les tortues et qualité écologique de l’habitat), des avis d’« experts » en matière de tortues et de sites de ponte en Guadeloupe.
La confrontation des états écologiques, de l’importance régionale et sectorielle en matière de nidification a permis de prioriser les sites de ponte, au regard des actions à mener.
La complexité du fonctionnement du littoral guadeloupéen a mis en exergue la difficulté d’agir concrètement en faveur des tortues marines sur les sites de ponte : multiples enjeux, multiples gestionnaires, multiples ayants droit, multiples statuts juridiques… laissant peu de visibilité sur les leviers et les niveaux d’action pour défendre l’intégrité des plages de ponte.
Ainsi, des propositions de mesures réglementaires ont été formulées sur des sites à forts enjeux de conservation : arrêtés de protection de biotope et réserves biologiques domaniales dirigées. Un second type de mesures, axées sur une démarche de charte, a été proposée sur d’autres sites. Cette démarche se veut incitative et volontaire ; elle permet de faire de la problématique « sites de ponte » un élément connu et reconnu par les gestionnaires.
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Amélioration de la qualité des sites de pontes dans l’aménagement du littoral
Le Plan de Restauration des Tortues Marines des Antilles Françaises (PRTMAF) aborde la thématique de la protection des habitats : de l’identification à la limitation des menaces, en passant par des actions de restauration de milieux. L’ONF en tant que coordinateur du RTMG développe des stratégies opérationnelles pour améliorer la protection des sites de ponte, afin de conserver ou rétablir leur qualité d’accueil pour les tortues marines.
La végétation littorale assure une protection pérenne des plages, en associant protection des milieux et des paysages, protection des biotopes d’espèces remarquables ou menacées, accueil du public. Elle constitue un milieu particulier pour l’accueil des tortues marines en ponte et constitue des écrans vis-à-vis de sources lumineuses localisées en arrière plage, pouvant être à l’origine de désorientation de femelles en ponte et de nouveau-nés au moment de l’émergence voire de désertion du site par les femelles.
Malheureusement, ce milieu subit de fortes pressions concourant à sa dégradation : coupe illégale de bois, circulation de véhicules, piétinement, réalisation de feux au sol, …
En tant que partenaire technique et financier, l’ONCFS collabore avec l’Office National des Forêts (ONF) de Guadeloupe et le conservatoire du littoral (CdL) pour mener des actions de protection, de valorisation et de restauration de la forêt domaniale du littoral (FDL) et des plages.
Ces travaux consistent :
- A restaurer le couvert végétal en réalisant des enclos de régénération
- A proposer la mise en place d’équipements d’accueil adaptés
Parmi les principaux chantiers menés, nous pouvons citer :
- Plage de Vieux Fort à Saint-Louis à Marie Galante
- Plage des Trois Ilets à Grand-Bourg à Marie Galante – Plage des Galets à Capesterre de Marie Galante
- Plage de Cluny à Sainte Rose
- Plage de la Gourde à Saint François
- Plage de l’anse Kahouanne à Saint François
- Plage de Bois Jolan à Sainte Anne…
En partenariat avec le RTMG, l’ONF a établi un rapport technique pour donner des indications aux gestionnaires du littoral afin de prendre en compte la problématique des tortues marines dans l’aménagement des plages : quelles erreurs ne pas commettre, comment y intégrer des travaux de restauration écologique, comment concilier ces aspects avec l’accueil du public ?
Ce document s’adresse en priorité aux services gestionnaires, spécialistes de l’aménagement des espaces naturels. Il se veut un outil directement opérationnel, où les aspects techniques ont été privilégiés.